Archive for ‘Société’

28 avril 2012

Présidentielles : le vote ouvrier pour le Front National dans le bassin minier du Pas-de-Calais

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Un demi-million de voix pour le FN dans la région

Dans la région Nord-Pas-de-Calais, ce sont au total plus d’un demi-million de personnes qui ont voté pour la candidate du Front National au premier tour des élections présidentielles. Cela représente une personne sur cinq en age d’aller voter.

C’est énorme. Marine Le Pen a ainsi gagné plus de 180 000 voix par rapport à son père lors de l’élection présidentielle de 2007. Cette percée du Front National est encore plus marquée dans le bassin minier du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen dépasse dans presque tous les cas la barre des 25% de voix, avec un taux d’abstention relativement faible.

Chose impensable il y a encore quelques années, le Front National arrive en tête dans une trentaine de villes du bassin minier:

Hénin-Beaumont, Montigny-en-Gohelle, Drocourt, Rouvroy, Noyelles-Godault, Dourges, Harnes, Annay, Fouquières-les-Lens, Billy-Montigny, Courcelles-les-Lens, Evin-Malmaison, Mericourt, Bois-Bernard, Vendin-le-viel, Pont-à-Vendin, Estevelles, Bénifontaine, Meurchin, Wingles, Douvrin, Haisnes, Auchy-les-Mines, Vermelles, Mazingarbe, Grenay, Hersin-Coupigny…

Ces villes, administrées par des maires de gauche depuis des décennies, font partie d’une zone urbaine où l’habitat ouvrier est très concentré. Et c’est précisément là que le Front National a fait un carton…

Steeve Briois, secrétaire général du FN, a ainsi déclaré à la Voix du Nord :  « Nos plus gros scores, on les fait dans les soi-disant « fiefs » de Mélenchon« .

Les dirigeants et les cadres du Front National sont en général des bourgeois, mais leur implantation dans la région vise spécialement les ouvrierEs.

Nous n’avons pas de chiffres précis au niveau local, mais il est incontestable que beaucoup d’ouvriers (actifs ou chomeurs, des hommes en majorité) ont voté pour Marine Le Pen.

Vote Le Pen et vote Hollande

On peut constater que le vote Front National a été le plus fort à Hénin-Beaumont et environs. C’était prévisible puisque c’est la zone principale d’intervention du Front National (même si on ne peut pas réellement parler d’activisme autre que médiatique).

Cette tendance est aussi en train de gagner l’ouest du bassin minier (autour de Bruay-La Buissière), même si le phénomène est moins marqué à première vue.

Marine Le Pen est arrivée en tête presque partout en périphérie de l’agglomération lensoise : on voit que le vote FN le plus concentré décrit un arc-de-cercle autour de la « capitale du bassin minier ».

Si le centre de l’aggomération lensoise a relativement « échappé » au raz-de-marée du Front National, c’est pour 3 raisons intrinsèquement liées:

Sur un mur à Liévin à l'entre-deux-tours. Ambiance...

– un tendance générale au vote Hollande dans le centre des zones urbaines où la classe moyenne est plus concentrée. Si toutes les petites villes du bassin minier ne formaient qu’une ville de 300 000 habitants, Lens et Liévin en seraient le centre-ville.

– un fort clientélisme lié au Parti socialiste, dont nous avions déjà parlé, qui a assuré à François Hollande des scores confortables (35% à Lens, 38% à Liévin).

– un isolement plus grand en périphérie. Si on se trouve en bordure du bassin minier et qu’on cherche un peu d’animation, des commerces, des choses à faire, bref de la lumière et un peu de foule, il faut être mobile. Mais dans une cité minière, quelques kilomètres suffisent parfois pour avoir l’impression d’être « au bout du monde »…

Les projets de la bourgeoise locale ne font qu’accentuer ce sentiment d’isolement et d’abandon très répandu dans la population du bassin minier.

Derrière les projets de « rénovation urbaine » et du « Louvre-Lens », on sent bien une volonté de repousser la misère loin du centre. Le maire de Lens, Guy Delcourt a même déclaré en conseil municipal vouloir faire de Lens une ville « où les femmes de cadres ne s’ennuient pas« …

Organiser la résistance antifasciste

Un demi million de votes FN, dans une région de 4 millions d’habitants.

Parmi ce demi-million, beaucoup d’ouvrier-e-s et d’employé-e-s.

Quand le Font National fait de tels scores auprès des populations les plus touchées par la crise du capitalisme… Quand on vient d’un milieu ouvrier et qu’on a dans sa famille un oncle, un cousin, une sœur ou un conjoint qui a voté FN… Il n’est pas possible de dire que les ouvriers qui votent FN « sont tous des cons » ou « qu’ils regardent trop TF1 ».

Non, cela veut dire que la démagogie fasciste du Front National devient vraiment crédible aux yeux de la classe ouvrière en France. Le fascisme est un mouvement, avec une dynamique propre, et cela fait bien longtemps que le vote ouvrier pour le  FN n’est pas un simple « vote de protestation ».

C’est grave, très grave et c’est un changement historique important, nous rentrons dans une époque où les divisions au sein du peuple sont de plus en plus exacerbées.

En réaction aux coups portés par la crise du capitalisme, par une absence de perspectives, le repli nationaliste / identitaire apparait comme la solution la plus évidente, la plus à portée de main.

Il faut bien comprendre ce phénomène qu’est la montée du fascisme en milieu ouvrier, pour se donner les moyens de le combattre véritablement.

Car la solution alternative à la démagogie du Front National n’est pas simple, mais alors pas du tout.

Dénoncer le fascisme ne suffira pas à le faire reculer, il faut se donner comme tâche de faire ce que les fascistes ne font pas :

Quand les fascistes diffusent des idées réactionnaires dans le peuple, il nous faut au contraire diffuser une culture progressiste.

Là où les fascistes créent la division par le haut, il nous faut chercher à reconstruire une unité à la base, cela demande un travail lent et patient, et surtout de la modestie et une bonne connaissance du terrain.

Et là où le fascisme promet que « tout va changer pour que rien ne change », tout en amenant la barbarie, il nous faut avoir véritable un projet de société, qui ne laisse personne sur le bord de la route.

8 avril 2012

Zeev Sternhell – Les fondements du fascisme viennent de la France du XIXe siècle

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

 

3 avril 2012

L’AA Artois n’existe plus, bienvenue à VEAN

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Voici communiqué du groupe AA Artois, qui explique pourquoi ses membres estiment être parvenu au bout d’une démarche, et qui fait la présentation d’un nouveau groupe, VEAN (Vegan Edge Antifa Nord).

VEAN se donne pour mission de faire vivre la culture vegan straight edge : nous saluons cette démarche. En effet, l’antifascisme ne peut pas se passer d’une réflexion sur le mode de production capitaliste, sur la façon dont notre société traite les animaux et le monde vivant, et sur l’effet dévastateur de l’alcool et des drogues qui sont un véritable fléau pour les masses populaires:

Dans un article récent, nous avons expliqué qu’il ne faut pas faire de compromis avec ce qui nous tue. Cette position est la fin d’un chemin pour notre groupe tel qu’il est aujourd’hui.

L’Action Antifasciste Artois n’existe plus.

Quand nous avons commencé à publier sur ce blog, nous avons mis en avant la culture de résistance, la culture des ouvrierEs du bassin minier face au capitalisme et au fascisme.

Mais les contradictions sont partout où il y a la vie.

Les habitantEs du bassin minier portent aussi en eux des valeurs qui permettent au fascisme de s’étendre, de peser. En étudiant cet aspect, nous avons compris que le patriarcat et le mépris du vivant sont, au même titre que le racisme, parmi les voies qui permettent aux fascistes de mobiliser les masses. Nous nous sommes exprimés à propos de l’alcool, des traditions bourgeoises, de la drogue, notamment.

En étant sensibles aux évènements du quotidien de nos frères et soeurs de classe, nous avons pu cibler le capitalisme qui dégrade les conditions de vie, qui détruit les écosystèmes. En procédant à la destruction froide et industrielle de multiples formes de vie, le capitalisme écocidaire apparît comme une manifestation fasciste, il est un ennemi évident.

Nous nous sommes exprimés à plusieurs reprises à propos des animaux, de leurs conditions de vie dans le capitalisme et des assassinats qu’ils subissent.

Comme nous le disions dans notre présentation : « Dans ce qu’il convient d’appeler « la guerre du tous contre tous », nous accordons une importance centrale au sort réservé aux êtres vivants non-humains, à la nature. Nous pensons qu’il convient d’adopter un mode de vie « positivement positif », de rester « vrai », afin de lutter contre le fascisme, et de permettre  l’entr’aide et  le développement des pensées et actes progressistes. »

La culture vegan straight edge est aujourd’hui encore plus au coeur de ce que nous sommes, elle est un élément central de notre pratique antifasciste. Pour vivre pleinement notre culture, notre groupe doit évoluer. Nous ne pouvons pas continuer l’aaartois.

Nous assumons ce que nous sommes.

Nous sommes vean.

22 mars 2012

Massacres de Toulouse et Montauban : un point de vue antifasciste

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Nous tenons à souligner la nature fasciste des meurtres de Toulouse et Montauban.

Comme les massacres en Norvège en juillet dernier, ces meurtres ne sont pas l’œuvre d’un « déséquilibré », ces actes ont été murement réfléchis et toute cette horreur est le résultat de la profonde crise morale qui accompagne la crise générale du capitalisme.

Pour nous, il est hors de question de « psychiatriser » de telles horreurs, peu importe que le meurtrier s’appelle Anders Breivik ou Mohamed Merah. Ces massacres témoignent de la montée du fascisme en France.

Nous avions d’abord cru à la piste des militaires néo-nazis de Montauban, et nous avions de bonnes raison de le faire, compte tenu de l’actualité récente dans le Grand Sud Ouest (voir ici et ici).

Nous nous sommes trompéEs car le meurtrier présumé, est un jeune français d’origine algérienne.

Cela ne change rien au fait que cet individu est un authentique fasciste. D’ailleurs il semblerait que Mohamed Merah était proche de Forsane Alizza, une organisation salafiste ultra-réactionnaire qu’on a vu récemment défiler aux côtés du Front National lors de manifestions pour interdire une certaine pièce de théâtre (lien).

Le caractère antisémite et génocidaire du massacre de l’école Ozar Hatorah à Toulouse est évident. Tuer des enfants parce qu’ils sont juifs, c’est un basculement dans la barbarie. Les victimes  de l’école juive se nomment : Gabriel Sandler, 6 ans, Arieh Sandler, 3 ans,  Myriam Monsonégo, 8 ans, et Jonathan Sandler, 30 ans.

Les militaires tués se nomment Abel Chennouf, 25 ans, Iman Ibn Ziaten, 30ans, et Mohamed Legouade, 23 ans. Ce dernier a le même prénom et le même age que le meurtrier présumé.

Loïc Liber, militaire français ayant grandi à la Guadeloupe, est à cette heure entre la vie et la mort.

Même si ces soldats étaient au service de l’impérialisme français, il faut souligner que les minorités nationales sont les premières victimes de ces massacres.
Nous nommons toutes ces personnes, car peu de médias s’en donnent la peine. Comme si le simple fait d’appartenir à une minorité gommait la nécessité d’être défini par un nom et un prénom.

Ce mépris des médias pour l’identité des victimes est lui aussi symptomatique de notre époque.

L’heure est à la division exacerbée au sein du peuple. Pour combattre ces divisions, les antifascistes sincères doivent condamner fermement toute forme de racisme et d’antisémitisme, et construire l’unité à la base.

Que vive l’Action Antifasciste!

23 janvier 2012

Zeev Sternhell : Pour les fascistes, la révolution peut être politique et culturelle, sans toucher à la structure du capitalisme

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

La région Nord-Pas-de-Calais, parce qu’elle est la première région ouvrière de France, est actuellement la cible de l’agitation des fascistes de tendance nationaliste-révolutionnaire (Vlaams Huis, Opstaan) : défilé en octobre à Lille du « Front Populaire Solidariste » avec le mouvement Troisième Voie de Serge Ayoub et les belges de Nation, communication bien relayée par la presse bourgeoise autour de la création d’une « maison de l’Artois » à Auchel et d’une soi-disant « maison des ouvriers » à Bruay-la-Buissière, et bientôt une marche lilloise en hommage à Jeanne Maillotte.

Pour abattre le fascisme et les fascistes, il est essentiel de comprendre la culture fasciste. Car le discours « solidariste » des fascistes locaux ne tombe pas du ciel. Au contraire il est issu en droite ligne de la tradition fasciste française. Même si les discours des Serge Ayoub et des Claude Hermant sont encore assez mal rodés et inévitablement « sonnent faux » auprès des masses, on y reconnait sans aucun doute l’influence des fondateurs de l’idéologie fasciste moderne (Georges Sorel, Henri de Man, Marcel Déat…)

Les analyses de l’historien Zeev Sternheel sont d’une aide très précieuse pour celles et ceux qui désirent combattre le fascisme au quotidien, et comprendre la stratégie hésitante des fascistes, ses atouts et ses faiblesses, dans la réalité locale.

Voici donc une courte vidéo où Zeev Sternhell nous parle de ces « révolutionnaires » de droite qui n’ont de révolutionnaire que le nom, et qui n’aspirent qu’à conserver l’ordre économique et social existant, en opérant tout au plus un changement de paysage politique et surtout en substituant la culture fasciste à la culture bourgeoise traditionnelle:

En 2012,
Combats les fascistes,
Combats le fascisme,
Fais vivre la culture antifasciste!

14 novembre 2011

Le 19 novembre, toutes et tous dans la rue pour défendre le droit à l’avortement

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

RDV le samedi 19 novembre à 13h30 devant de planning familial de Lille (avenue Kennedy) pour faire taire les réactionnaires de SOS touts petits !

Ce samedi 19 novembre comme tous les ans, l’association catholique d’extrême-droite SOS Touts Petits organise des « rosaires » devant les plannings familiaux de plusieurs villes de France. Ces prières ne sont qu’une des méthodes employées par SOS Touts Petits dans le but d’empêcher les femmes d’avoir accès à l’avortement.

Le droit des femmes à l’avortement, le droit des femmes à disposer de leur corps, le droit des femmes à avoir le choix, sont des revendications qui doivent être partagées par tous les progressistes.

Au delà de l’accès à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) les plannings familiaux sont des lieux où toutes les femmes peuvent trouver de l’information et des conseils sur la sexualité et la contraception. Les centres de planning familial sont des lieux d’écoute où les femmes peuvent se confier et parler librement. Loin de contribuer à augmenter le nombre d’IVG, les centres de planning familial permettent au contraire aux femmes de mieux connaitre leur corps et d’utiliser des méthodes de contraception adaptées.

Mais ces droits spécifiques aux femmes, qui ont été acquis de longue lutte, sont de plus en plus fragiles : en France ils sont constamment remis en cause (diminution des crédits, fermetures de centres, manque criant d’accès à l’information, jeunes femmes abandonnées à leur sort…) A l’échelle mondiale, la situation est alarmante : le droit des femmes à disposer de leur corps est encore loin d’être une réalité.

C’est pourquoi le CVA62 appelle touTEs les progressistes à se joindre au contre-rassemblement qui aura lieu le samedi 19 novembre à 13h30 devant le planning familial de Lille (avenue Kennedy) pour défendre:

-Une meilleure information et un meilleur accès à la contraception et à l’IVG
– Le droit pour chacun-e de disposer librement de son corps et de s’épanouir dans la sexualité qu’elle/il choisit.

6 novembre 2011

Damien – J’essaie d’arrêter

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

30 octobre 2011

Rassemblement contre les crimes homophobes et transphobes le 5 novembre Place de la République à Lille

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Crimes homophobes et transphobes… assez!

La violence contre un citoyenNE homosexuelLE , transsexuelLE ou transgenre ne serait elle pas la même que toutes les autres violences?
Cela vous indigne?
Crimes homophobes et transphobes… assez!

… Réveillons-nous !
Ne subissons plus !

Agissons contre l’incitation à la haine homophobe et transphobe
et contre toutes les violences !

ASSEZ de ces faits divers :

Ils avaient violemment frappé deux jeunes filles parce qu’elles s’embrassaient en public dans les rues de Charleville-Mézières.

La semaine dernière en Écosse, Walker, 28 ans, a été assassiné, brûlé vif pour le seul fait d’être homosexuel.

Et n’oublions pas les trop nombreuses insultes, discriminations et agressions que subissent les citoyenNEs homosexuelles, transsexuelLEs et transgenres au quotidien!!!

Ne soyons plus des victimes !
La liberté de tous vaut plus que leur haine !
RASSEMBLEMENT CONTRE L’HOMOPHOBIE ET LA TRANSPHOBIE
Y a-t-il une justice à deux temps ?
Vos sifflets, vos voix, vos messages !

« Crimes homophobes et transphobes: la honte ! »
« Ça pourrait être votre enfant ! »

Rejoignez la non-violence et l’égale justice pour touTEs !

Rdv à Lille place de la République à 15H00 pour un défilé dans les rues du centre-ville ou un rassemblement (selon le nombre de participantEs), donc venez nombreuses, nombreux!!!

INVITEZ VOS AMI(E)S !! soyons solidaires !

1 juin 2011

La bagnole, un combat d’arrière-garde taillé sur mesure pour le Front National

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Alors que la sécheresse liée au dérèglement climatique s’annonce pire que celle de 1976…
Alors que les émissions de CO2 liées à l’utilisation de combustibles fossiles ont atteint un niveau record en 2010…
Alors que la vitesse d’engorgement du réseau routier évolue au carré de la vitesse de la construction de nouvelles routes qui asphyxient le sol encore un peu plus…
Alors que le pic d’extraction du pétrole a déjà peut-être été atteint, ou le sera dans un futur très proche…
Alors que les particules diesel sont à l’origine de 15% des cas d’asthme chez les enfants…

Que fait le Front National? Il part en campagne pour défendre la voiture et les automobilistes!

Une fois de plus, le FN démontre, tout comme ses adversaires politiques sociaux-démocrates, qu’il n’a que faire de l’intérêt des masses, et qu’en matière de transport, il n’a aucune solution à proposer qui soit à la hauteur des enjeux de notre époque.

Tout comme les grandes formations politiques (UMP, PS…) qu’il passe son temps à critiquer pour leur manque de visée, le FN montre sa nullité, son incapacité à planifier quoi que ce soit à part la guerre, son incapacité à proposer des solutions à long terme, à appréhender la réalité dans son ensemble et dans toute sa complexité.

Alors que même un enfant de 12 ans (surtout un enfant de 12 ans!) est en mesure de constater sans difficultés l’absurdité totale d’un système de transports basé sur la voiture individuelle, Marine Le Pen a fait de la bagnole son nouveau cheval de bataille pour la saison « printemps-été 2011».

La température va augmenter de 6 degrés sur le globe d’ici 2100? Le taux mondial d’émissions de carbone va plus que doubler d’ici 2050? Qu’à cela ne tienne, le Front National, à rebours de l’histoire, embrasse la « noble cause » de la lutte contre le « racket » de la pompe à essence et la « persécution » par radar automatique…

Dans la liste des fléaux infligés par la bagnole à la population, les tracts du FN dénoncent bien entendu le comportement irresponsable des consommateurs de «drogues et autres substances» qui prennent le volant. Par contre, l’alcool n’est pas mentionné une seule fois… alors que l’alcool est en France la cause principale des accidents de la route! Que dire, sinon que pour les fascistes, la picole, même au volant, est une valeur à laquelle on ne touche pas ?

Cette campagne en direction des automobilistes (une « catégorie sociale » à part entière, peut-on lire sur le tract) se double dans le Nord-Pas-de-Calais d’une mobilisation des élus et cadres du FN en défense de l’industrie automobile régionale. Avec un objectif : capter l’adhésion et le vote de la population ouvrière.

Mais ces deux campagnes, même si elles sont apparemment liées, montrent en vérité l’opportunisme du Front National, et toutes les contradictions de ses propositions démagogiques. Il est loin le temps où Marine Le Pen, en tant que conseillère régionale, défendait le projet de tramway Lille-Hénin-Beaumont afin de désengorger l’autoroute A1 et d’«offrir une alternative douce à l’automobile»…

A peine un an plus tard, il n’y a désormais plus l’ombre d’une trace de défense des transports en commun dans le discours officiel du FN. Et les cadres locaux partent à la rencontre des automobilistes « aux abords des centres commerciaux». Tout en continuant à défendre le « commerce de proximité », de toute façon il ne sont pas à une contradiction près.

Dans notre département, les cadres FN se disent très proches des ouvriers, et à l’écoute des préoccupations du peuple. Mais ils semblent ignorer que dans le bassin minier 27,5% des ménages ne possèdent même pas de voiture.

Cette segmentation du discours en propositions « attrape-tout » destinés à toucher d’un côté la petite bourgeoisie, et de l’autre la classe ouvrière, a quand même un fil conducteur : la préférence nationale  et l’obsession des flux migratoires comme cause de tous les maux: ainsi, on peut trouver le mot « immigration » sur un tract qui parle de bagnole, alors qu’on n’y trouve pas le mot « alcool », ce qui est quand même très fort…

La voiture est la marchandise emblématique du capitalisme à notre époque. Il faut donc s’attendre à ce que les masses,  prisonnières de ce mode de transport, souffrent de devoir payer un prix aussi élevé pour pouvoir simplement se déplacer. Et bien sûr, la classe ouvrière est en première ligne quand les délocalisations affectent l’industrie automobile locale. Mais cela ne signifie pas  qu’il faut maintenir ce système dans la limite du supportable (comme le veut le FN), mais bien au contraire qu’il faut mettre un terme au règne de la voiture individuelle!

Et si de nouvelles solutions se profilent à l’horizon, ce n’est pas par les fascistes qu’elles seront mises en œuvre : le FN défend le nucléaire, tout en attaquant le « lobby pétrolier », tout en défendant l’usage de la voiture ; bref, il n’a rien d’autre à proposer que la préférence nationale pour le droit d’asphyxier le reste de l’humanité et de la planète :  en France, 8 tonnes de CO2 par habitant et par an, dont 42% liés au transports.

24 avril 2011

La corrida inscrite au patrimoine culturel français : antifas contre la barbarie!

par Comité de Vigilance Antifasciste 62

Cette semaine, le ministère de la culture a donné son accord à l’inscription de la tauromachie à l’inventaire du “patrimoine culturel  immatériel de la France”. C’est la “mission ethnologie” du ministère  qui dresse cet inventaire, afin d’assurer la “sauvegarde” de pratiques “vivantes” sur le territoire français. La France est le seul pays au monde qui ait donné une telle reconnaissance à la corrida.

Science, éthique et barbarie

Frédéric Mitterrand, le ministre de la “culture”, a précisé que cette décision n’impliquait  “aucune forme de protection, de promotion particulière ou de cautionnement moral” de la corrida. Pour André Viard, le président de l’Observatoire national des cultures taurines et principal lobbyiste du projet, cette décision obéit “exclusivement à des critères scientifiques” (!!). Sur le site France Corrida on invoque même “l’instinct offensif du taureau” pour justifier cette pratique…

Ces affirmations sont du grand n’importe quoi! Offrir une telle reconnaissance à une pratique barbare, c’est la cautionner moralement. Les déclarations de Frédéric Mitterrand en disent long sur le relativisme moral des institutions bourgeoises françaises en pleine décomposition, alors que la population dans son écrasante majorité souhaite la disparition de la corrida. Quant aux critères scientifiques, les voici : la corrida consiste à mettre à mort des taureaux après leur avoir inséré des piques sur une profondeur allant jusqu’à 30 centimètres, entraînant la rupture de nombreuses veines, artères, ligaments, nerfs, moelle épinière, et provoquant d’immenses souffrances. Les taureaux n’ont rien demandé à personne et l’ “instinct offensif” qui les prédétermineraient  à la corrida n’a rien de scientifique, il n’existe que dans la tête des défenseurs de la barbarie!

La corrida est pratiquée dans 60 villes du sud de la France. Mais, comme le rappellent nos camarades de l’Action Antifasciste Artois, la région Nord-Pas-de-Calais est aussi empreinte de traditions où les animaux sont exploités de façon sanguinaire à des fins de “divertissement” (combats de coqs, chiens ratiers…).

La corrida fait déjà partie du passé

Mélodie et Laura, deux lycéennes d'Agde, ont écrit une thèse intitulée "Corrida, Culture ou Barbarie?"

Le monde bouge, l’histoire avance, et les traditions sont faites pour disparaître. Dès qu’une pratique, culturelle ou autre, nécessite des mesures de sauvegarde, c’est qu’elle est déjà condamnée à disparaître depuis longtemps.

Mais ces dernières années on observe de la part de l’état français une volonté marquée d’empailler, muséïfier, patrimonialiser tout ce qui correspond à une certaine idée de la culture française, avec le mépris le plus complet pour les aspirations et les pratiques culturelles réelles du peuple. Cela a été le cas avec la gastronomie, que nous avions longuement évoquée, mais aussi du compagnonnage, un système d’organisation du travail héritée de la société féodale qui s’est mué en vitrine du néo-corporatisme et de la coopération pacifique entre classes sociales.

Aujourd’hui c’est la tauromachie qui est défendue par l’état français, alors même que la corrida est sur le déclin, que la Catalogne vient de promulguer son interdiction, et qu’une manif de jeunes pro-corrida a du être récemment annulée à Dax faute de participants.

Pourquoi vouloir cristalliser une telle tradition, si ce n’est par un refus acharné de se soumettre à la marche de l’histoire?

Des critères « ethniques »

Pour le ministère de la culture, “il s’agit d’un recensement ethnique d’une pratique factuelle”. Les aficionados de la corrida seraient donc une ethnie?

Cette phrase exprime le rejet de toute considération éthique, mais en plus de cela elle renforce une fois de plus une vision ethno-différentialiste de la société, qui serait organisée en “communautés” aux cultures diverses et imperméables les unes aux autres. C’est bien dans cet esprit que l’agence de presse fasciste Novopress aborde l’info de l’inscription de la tauromachie au patrimoine culturel français.

Le “concept” d’ethno-différentialisme a été largement développé par Alain de Benoist, un des principaux théoriciens fascistes contemporains. Cette vision du monde, qui ne repose sur aucune base scientifique, est principalement celle des fascistes “identitaires”, ainsi que de toute la mouvance fasciste, avec des nuances d’interprétation. Mais pas seulement : elle cherche à s’imposer comme grille de lecture “standard” de la société humaine.

Si les théoriciens du fascisme travaillent avec acharnement depuis des décennies à diffuser, vulgariser et populariser cette vision ethno-différentialiste du monde, c’est pour détruire l’idée d’universalisme, du rejet des différences et des clivages, de l’inéluctable rapprochement entre les peuples.

Si l’état bourgeois emploie de manière croissante le langage ethno-différentialiste, que ce soit pour « faire l’inventaire du patrimoine culturel » ou pour parler de “l’identité nationale”, c’est parce qu’il y a bien longtemps que la bourgeoisie française n’est plus porteuse de valeurs progressistes, en particulier de l’universalisme qui était autrefois sa marque de fabrique.

Donc il ne faut pas s’étonner que les institutions bourgeoises soutiennent des pratiques barbares, d’un autre age et baignant dans l’idéologie patriarcale, et qu’en temps de crise elles tombent le masque et adoptent les discours les plus réactionnaires, complètement à contre-sens de l’histoire.

Etre antifasciste, c’est choisir le camp du progrès, c’est s’opposer à toute forme d’exploitation, des humains comme des animaux!